Où est passé l’argent des Minvoulois ? La polémique enfle autour de la gestion des fonds alloués par le président de la transition.

Publié le 10 septembre 2024 à 13:15

La province du Woleu-Ntem, souvent critiquée pour son manque d’équité et de transparence, est à nouveau au cœur d’une vive polémique, notamment dans la commune de Minvoul. Lors de sa tournée républicaine, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, avait annoncé avec grand fracas la mise à disposition d'une enveloppe de 7 milliards de francs CFA pour le développement des départements de la région, une décision accueillie avec espoir par les populations locales.

Toutefois, à Minvoul, l’ambiance est loin d’être à la fête. Alors que d'autres localités, notamment Medouneu, voient déjà leurs projets en voie d’achèvement, les habitants de Minvoul, eux, attendent toujours de voir la moindre brique posée, le moindre chantier démarrer. Le projet-phare censé stimuler l’économie locale, la construction d’un magasin de grande distribution *CECADO*, est au point mort. Pourtant, les fonds auraient été remis officiellement, en main propre, par Josué aux responsables locaux. Alors, où est passé l'argent?

Le projet CECADO, censé dynamiser le commerce local, n’a jamais convaincu la population de Minvoul. Nombreux étaient ceux qui, dès 

son annonce, exprimaient leur scepticisme. "Pourquoi un tel magasin ? Ce n’est pas ce dont nous avons besoin", murmurait-on déjà lors des premières discussions. Pour beaucoup, cette initiative, portée par les leaders politiques du département, apparaissait comme une réponse mal ajustée aux véritables besoins des habitants.

Malgré tout, par respect et dans un esprit de collaboration, les Minvoulois avaient fini par accepter ce "cadeau", même si l’on sentait que le cœur n’y était pas. Mais aujourd’hui, ce qui était déjà perçu comme une imposition se transforme en véritable scandale : pas une pierre n’a été posée, pas un engin de chantier en vue, et la population s’interroge. Pourquoi à Medouneu, le chantier est-il presque livré alors que chez nous, rien ne bouge ?

Dans ce contexte, la méfiance et la frustration ne cessent de grandir à Minvoul. "Où est passé l’argent ?" s’interrogent les habitants, qui ont l’impression d’être, une fois de plus, les laissés-pour-compte du développement régional. Le silence des autorités locales ne fait qu’alimenter davantage les spéculations.

Certains pointent du doigt des détournements, d’autres évoquent une gestion défaillante des fonds. "On se moque encore de nous", lancent des résidents désabusés. La population locale n’hésite pas à rappeler des antécédents où des sommes destinées à des projets publics avaient mystérieusement "disparu" sans explication, ou du moins sans conséquence pour les responsables.

Pour l’heure, les responsables locaux gardent le silence, du moins publiquement. Pourtant, ce silence risque d’aggraver une situation déjà explosive. Dans un contexte national où la transparence et la redevabilité sont devenues des exigences citoyennes, il devient de plus en plus difficile pour les élus de justifier des retards inexpliqués dans la réalisation des projets.

La gestion des 7 milliards alloués à la province du Woleu-Ntem fait désormais l’objet d’une attention particulière, non seulement à Minvoul mais aussi au-delà. La situation dans cette commune pourrait bien devenir un cas d’école sur la mauvaise gestion des fonds publics, à moins qu’une clarification rapide ne vienne apaiser les tensions.

Les Minvoulois demandent aujourd’hui des comptes. Ils exigent que lumière soit faite sur l’utilisation des fonds remis par Josué. D’autres projets sont également en suspens dans le département, et les habitants craignent que la situation se répète. Face à cette grogne montante, les autorités locales et nationales sont désormais sous pression.

Il ne s’agit pas seulement d’un projet de supermarché, mais d’un symbole de la gestion publique et de la confiance des citoyens envers leurs élus. Si cette crise n’est pas rapidement résolue, elle risque de laisser des séquelles profondes dans les rapports entre la population de Minvoul et ses représentants.

La question reste donc posée : qui a réellement profité de ces milliards et pourquoi les Minvoulois attendent-ils encore, les mains vides, ce qui leur avait été promis ?

@la une woleuntemoise septembre 2024

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